C’est vraiment ce que vous êtes

C’est vraiment ce que vous êtes

Pas votre manière de vous habiller, de vous maquiller, quels groupes vous écoutez. Quand vous dites « C’est comme ça que je suis », c’est la vérité. Je dis ça au cas où vous en auriez douté.

J’ai grandi loin de tout, dans un minuscule village près d’un plus grand village qui lui était près d’un encore plus petit village, qui était près d’une toute petite ville, qui était proche d’une moins petite ville. C’est dans la petite ville que j’ai commencé mes études supérieures.

À ce moment-là, j’étais déjà qui j’étais. Je n’écoutais pas de rock gothique, de métal ou quoi que ce soit, en fait. Mes années 80 n’ont pas été LES années 80. Chez moi, tout tournait autour de la pop, Michael Jackson et Madonna. Les durs écoutaient du hard rock, Bon Jovi, Poison et Scorpion, et rien de tout ça ne me disait rien. J’aimais bien Metallica, mais le reste du heavy metal glissait sur moi. Je passais mon temps dans les bibliothèques, à lire de la science-fiction et des bandes dessinées.

Rien ne m’a influencé. Je suis passé à côté des films de Tim Burton. Je n’ai vu Beetlejuice et Edward Scissorhands que bien plus tard. J’ai découvert tout seul mon amour pour les poètes romantiques, Hugo et Baudelaire en particulier. J’ai développé un intérêt, puis une passion, pour la littérature fantastique, tout seul dans mon coin. Mes intérêts ne suscitaient que le mépris, et j’ai tôt appris à les cacher.

J’aimais m’habiller en noir, aussi. Pas pour ressembler à qui que ce soit en particulier. Je trouvais ça élégant, ça semblait couler de source, je me sentais bien. Mais je le répète : dans ce bled, pas une seule personne en vue de ce que les gens nommaient alors « alternatif ».

Il y a eu quelques éclairs dans cette nuit ensoleillée. Un jour, mon frère a reçu un disque gratuit avec son abonnement à Arena Rock. C’était Bloody Kisses de Type O Negative. J’avais l’impression qu’une place dans mon cœur était resté vierge, silencieuse et vide en attendant ce disque-là.

J’ai poursuivi mes études dans une plus grande ville. Là, j’ai trouvé des gens qui me ressemblaient un peu. Le geek que j’avais toujours été a pu s’épanouir. Mes lectures étaient un sujet de conversation, pas de méfiance, même si j’étais toujours le seul à nourrir ma propre passion. Mes amis ont été mes guides, m’ont fait découvrir l’industriel, le punk, l’EBM. J’ai grandi un peu. Toujours pas un goth en vue. J’ai vu le film The Crow au cinéma, et j’aimais bien l’accoutrement de Brandon Lee. Il fut ma première influence gothique, maintenant que j’y pense.

Over time, and in my late twenties, I went the other way, discovering The Cure, then Sisters of Mercy (long my favorite band), then Bauhaus, then Siouxie and the Banshees. 

Les gens remarquaient que je m’habillais toujours en noir, alors ils ont pensé que j’aimais les films d’horreur. Pour moi, l’horreur était un genre comme un autre, il y avait du bon et du mauvais. Mais, par la force des choses, les amateurs venaient me parler de leur passion, et j’ai bien dû regarder tout ce qu’ils me recommandaient. Peu à peu, je suis devenu une sorte de sommité.

Et j’ai appris, par les autres, que j’étais gothique.

Je ne suis jamais devenu gothique. J’ai simplement suivi le cours de mes goûts et de mes aspirations. Ce terme, collé à ma personne, venait des autres. Je n’avais pas voulu ressembler à qui que ce soit. Je n’avais pas astreint mes goûts musicaux pour entrer dans une clique.

Finalement, la plus grande ville est devenue trop petite. Le moment était venu de partir pour la métropole. Là, je suis allé dans des soirées gothiques, j’ai acheté vêtements et accessoires dans des boutiques gothiques, j’ai même fréquenté la scène fétichiste. Quand je parlais de mes goûts littéraires et musicaux, ils trouvaient immédiatement un écho. Cette personnalité, développée dans la solitude, pouvait enfin s’épanouir auprès de gens semblables.

Ils parleront de phase, ils se poseront des questions, ils auront peur pour vous. Mais vous aimez ce que vous aimez, vous êtes qui vous êtes.

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